La période COVID l’a bien démontré, il existe des risques de dérives sectaires en particulier chez les professionnels de la santé et ceux du bien-être. La chiropraxie n’échappe pas à ces dérives sectaires.
Dans son livre « La France des gourous » publié aux Éditions du Rocher, le journaliste du Figaro, Étienne Jacob, nous alerte en particulier sur agissements qu’il a constaté chez un chiropracteur bien connu : Joe Dispenza (vous trouverez un extrait de son livre ci-dessous).
Il convient donc de se démarquer de ce type d’agissements que nous réprouvons et d’apporter quelques précisions et mises en garde simples mais utiles pour éviter de perdre son argent tout en risquant sa santé. Les dérives sectaires en chiropraxie ne doivent pas avoir leur place.
Tout d’abord, la chiropraxie est une pratique qui doit rester complémentaire de la médecine classique. En aucun cas elle ne soignera ce qui n’est pas de son ressort. Le chiropracteur traite les troubles neuro-musculo-squelettiques relevant de son champ de compétence. Bien évidement, il peut se produire indirectement une amélioration du moral d’un patient, soit parce que la douleur diminue, soit parce que le nerf vague est stimulé.
Actuellement beaucoup de chiropracteurs effectuent des actes ne relevant pas du champ de compétence de la chiropraxie sans le dire. Il y a donc dans leur traitement une partie chiropraxie et une partie qui n’en est pas au sens de la loi. Cela devrait être annoncé par le praticien et donner lieu à une double facturation (les actes de chiropraxie bénéficiant d’une exonération de TVA ). Outre cet aspect juridique, votre chiropracteur doit être transparent sur ce point.
Il existe plusieurs techniques mises au point par des chiropracteurs, que votre chiropracteur peut pratiquer. Par exemple certaines techniques émotionnelles. Cependant le praticien doit être conscient de ses limites et être capable de référer à un psychologue lorsque cela est nécessaire. Parfois, ces techniques ne sont pas réservées aux seuls chiropracteurs.
Certains chiropracteurs font également du coaching. Le coaching est une pratique connexe qui peut vous accompagner vers une meilleure hygiène de vie.
Enfin, il peut vous être proposer des instructions sur la cohérence cardiaque ou sur la méditation. Les effets positifs de la méditation ne sont plus à démontrer (à l’exception de personnes souffrant de dépression clinique qui peuvent voir leur état empiré).
Mais alors, comment s’y retrouver pour éviter les dérives sectaires en chiropraxie ?
Tout d’abord, le chiropracteur doit être transparent sur sa pratique et doit vous expliquer ce qui retourne de la chiropraxie et ce qui n’est plus de la chiropraxie dont le champ de compétence est strictement réglementé.
Ensuite, faites appel à votre bon sens. Posez des questions. Lorsque l’on vous parle d’énergie, de quantique, d’alignement, de termes vagues n’ayant pas de sens précis ou non mesurables,…, demandez de quelle énergie il s’agit, en quoi est-ce quantique, qu’est-ce qu’être aligné. Lorsqu’on vous promet un changement radical, demandez comment ! Surtout évaluez les résultats : vais-je objectivement mieux ? Est-ce que je me sens dépendant du praticien ? Comment est-ce que je vis les échecs éventuels de cette transformation ? Il y a effectivement ce qui est démontré par la science et ce qui reste à démontrer, mais l’un ne doit pas vous couper de l’autre !
Enfin, parlons argent ! Si votre chiropracteur vous vend un plan de traitement long, demandez comment il l’a établi et sur quelle base individuelle. Comment est-ce qu’il évalue les progrès et sur quels marqueurs objectifs. Rappelons que les chiropracteurs doivent respecter la loi et ne peuvent, normalement, facturer que des actes réalisés. Les tarifs doivent être clairs et affichés. Les forfaits sont tolérés (bien qu’interdits pour les membres de l’Association Française de Chiropraxie) à condition de pouvoir interrompre à tout moment le forfait, ce qui entraîne le remboursement immédiat des séances non effectuées.
Une dérive sectaire se reconnaît à la dépendance envers une personne qui vous propose un mieux être, une sorte d’absolu, voire une guérison miraculeuse. Lorsque le praticien ajoute étape après étape pour atteindre un objectif sans cesse repoussé, ou qu’il vous demande de changer vos habitudes de vie en vous éloignant progressivement de vos proches et amis, fuyez.
Source :
La France des gourous
Journal d’un infiltré
Etienne Jacob (Auteur)
La Miviludes ne cesse de le rappeler au détour de ses rapports : les dérives sectaires s’articulent toujours plus autour de la santé. Dans ce cadre, j’ai assisté à un événement organisé par le chiropracteur américain Joe Dispenza au Grand Rex, à Paris. Au contraire d’autres mouvements accusés de dérives sectaires, le praticien ne se cache pas et a réuni plusieurs milliers de personnes le temps d’un week-end dans un des endroits les plus célèbres de Paris, pour leur vendre la solution miracle. En effet, Dispenza le répète à longueur de temps : ses méditations peuvent soigner toutes vos maladies, cancer compris, et les paraplégiques peuvent espérer remarcher. Quel drame d’observer des personnes atteintes de graves pathologies débourser plusieurs centaines d’euros – et bien plus dans d’autres événements toute l’année – pour de tels faux espoirs. Avec le risque qu’ils se détournent de la médecine conventionnelle, entraînant un phénomène dramatique : la perte de chance. Chez ces gourous, la médecine scientifique, celle des études et des preuves, n’a pas plus de valeur que toutes les autres pratiques de soins non conventionnelles (PSNC).