Pourquoi pratiquez-vous la technique NIP (NeuroImpulse protocol) ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises Jean-Pierre Meersseman dans son cabinet à Côme en Italie, un des plus célèbres chiropracteurs européens. Il a notamment été le chiropracteur du Milan AC dans les années 2000. Bien que n’étant pas spécialiste de la technique NIP, il m’a tout simplement déclaré :
« l’avenir de la chiro c’est NIP »…
La technique NIP est-elle répandue ?
La techniques NeuroImpulse Protocol, NIP, est peu connue, même chez les chiropracteurs. C’est une technique complexe et demandant beaucoup de connaissances. Je participe désormais à sa promotion en prenant part à la formation de chiropracteurs désireux d’apprendre cette technique.
Combien existe-t-il de techniques chiropratiques ?
Il existe une multitude de techniques chiropratiques (on parle de plus de 400 techniques différentes). Chaque chiropracteur a tendance à adapter sa technique en fonction de ses observations et recherches, de ses compétences et tout simplement de ce qu’il préfère. Ainsi, de nombreuses techniques ont émergées et se sont transmises. Les plus efficaces devraient perdurer.
Toutes les techniques chiropratiques se valent-elles ?
C’est aux résultats que la technique doit être évaluée. Si cette évaluation est conduite par la science c’est encore mieux.
D’où vient la technique NIP ?
La fin du siècle dernier voit apparaître puis exploser dans les années 90 la recherche sur la plasticité cérébrale. Un neurologue japonais, le Docteur Shimizu, met en avant un réflexe permettant de déceler un dysfonctionnement au niveau du système nerveux central. A partir de ces travaux, le Docteur Neil Davies, chiropracteur Australien, développe la technique NIP. Celle-ci utilise ce réflexe de Shimizu, associé à d’autres indices objectifs comme les amplitudes articulaires, la pression oculaire, ou la réponse musculaire d’indicateurs précis, pour déterminer précisément la subluxation à corriger.
Qu’est-ce qu’une subluxation-dysfonction articulaire ?
Lorsqu’une articulation ne bouge pas correctement, les chiropracteurs parlent généralement de subluxation ou dysfonction articulaire.
Il est aujourd’hui démontré que chaque dysfonction articulaire se manifeste par un ensemble de marqueurs objectifs prédictibles : ce sont les compensations que recherche le chiropracteur NIP. La technique NIP va s’attacher à vérifier si la correction à effectuer est périphérique, c’est à dire qu’une correction locale est suffisante, ou s’il faut corriger plus « centralement » le système nerveux en le stimulant de manière spécifique.
Comment NIP permet de vérifier le fonctionnement du système nerveux ?
Le réflexe de Shimizu recherché au cours de l’examen permet principalement de vérifier le fonctionnement du système nerveux central. Il donne des indications sur la circulation du liquide céphalo rachidien (LCR) et l’état de tension des méninges. La dure mère, dernière enveloppe des méninges s’accroche au niveau des vertèbres cervicales hautes ainsi qu’au niveau de la dernière vertèbre lombaire et du sacrum.
Des mouvements erronés de la dure-mère peuvent affecter la circulation du liquide céphalo rachidien. Cela a pour conséquence d’altérer le flux et la pression du liquide céphalo-rachidien aboutissant à une pression intracrânienne incorrecte. Cela affecte directement la fonction de certaines aires cérébrales, comme la formation réticulée, le tronc cérébral ou encore le cortex préfrontal.
Enfin, les informations provenant de cet excès de tension au niveau des méninges créent une surcharge sensorielle au niveau du cerveau.
Tout cela aboutit à ce que l’on appelle des tensions méningées. Ces tensions méningées tractent les articulations sur lesquelles elles s’accrochent, à savoir les très hautes vertèbres cervicales ainsi que la dernière vertèbre lombaire et le sacrum. Ces tensions aboutissent au dysfonctionnement de ces zones et créent des douleurs au niveau des régions cervicales et lombaires.
Toutefois, le système nerveux central n’est pas forcement à l’origine de toutes ces dysfonctions articulaires. Elles peuvent aussi résulter d’une compensation de la subluxation d’une autre articulation plus distale. L’examen NIP permettra de déterminer ce qu’il convient de corriger.
Qu’en est-il d’une simple dysfonction articulaire ?
Une dysfonction articulaire crée deux réponses locales et une réponse à distance.
Localement, il y a une perte d’amplitude de l’articulation elle-même avec une perte de force des muscles associés. En conséquence le cerveau reçoit une information partielle ou incorrecte de l’articulation.
Localement, la dysfonction est douloureuse à la palpation mais l’articulation ne fait pas forcément mal au patient dans sa vie de tous les jours.
A distance, une chaîne de compensation se met en place, en raison de la mauvaise information reçue par les zones du cerveau reliées à l’endroit de la dysfonction articulaire. Cela a pour conséquence de créer d’autres dysfonctions articulaires au-dessus de l’articulation dysfonctionnelle de départ. Par exemple, une douleur du bas du dos peut provenir d’une subluxation située dans le pied.
C’est très souvent une articulation de cette chaîne de compensation qui est douloureuse pour le patient et son motif premier de consultation.
Est-ce la dysfonction qui est responsable la douleur ? Ne devrait-on pas plutôt parler de désafférentation ?
Comme vu précédemment, la dysfonction articulaire engendre une cascade de compensations responsable de douleurs.
Dans les faits c’est la mauvaise information que renvoie cette articulation dysfonctionnelle vers le cerveau qui est problématique. Du fait de la subluxation, l’articulation transmet des informations sensorielles partielles voire erronées au système nerveux. C’est ce que l’on appelle une désafférentation.
Le cerveau recevant une information sensorielle ascendante (afférente) incorrecte, répond par un message moteur descendant (efférent) incorrect à son tour. C’est cette information incorrecte qui va générer la cascade de compensations à l’origine des douleurs articulaires du patient.
Tout le rôle du chiropracteur est d’envoyer au système nerveux une information corrective pour réparer cette erreur de perception. Cette correction, douce, extrêmement précise et rapide est suffisante pour normaliser le système nerveux afin que celui-ci réponde correctement en retour, « libérant » ainsi les articulations douloureuses.
NIP permet de comprendre les schémas de dysfonctions neurologiques compensatoires afin de corriger la désafférentation initiale.
Comment se fait la correction avec la technique NIP ?
La correction se fait par une simple pression de quelques secondes à l’endroit précis déterminé au cours de l’examen physique.
Est-ce douloureux ?
Comme c’est l’endroit où il faut agir, cette stimulation est un peu désagréable mais ça ne dure pas plus de dix ou quinze secondes. Le bénéfice est bien supérieur !
Pourquoi ça ne craque pas avec NIP ?
Le crac (ou cavitation articulaire) est efficace dans beaucoup de cas. (vous trouverez une explication de la cavitation articulaire ici). Cependant il peut créer une accoutumance. En NIP on considère que son impact sur le système nerveux est trop important. Le chiropracteur pratiquant NIP privilégie de simples pressions pour stimuler le système nerveux.
La technique NIP demande-t’elle une charge de traitement ?
Le nombre de consultations va dépendre de l’état de la personne lorsqu’elle se présente au cabinet pour la première fois et de la durée depuis laquelle les dysfonctions sont installées.
Les patients consultent en moyenne deux à trois fois rapproché pour envoyer une salve de stimulations au système nerveux, sans le saturer. Parfois, chez les jeunes par exemple, l’amélioration est plus rapide.
Cela peut aussi être plus long, notamment si l’état de tension des méninges est trop important et/ou si le liquide céphalo-rachidien ne circule plus de façon correcte. Cela arrive principalement à la suite de traumatismes sévères, d’anesthésies générales répétées ou d’épisodes de fort stress.
Dans la très grande majorité des cas, la technique NIP parvient à améliorer l’état des patients de façon durable et rapide.