Tout comme un suivi chiropratique est recommandé pendant la grossesse, il est important de bien se renseigner pour préparer son accouchement, surtout lorsque l’on souhaite un accouchement naturel et physiologique. Dans son livre “Le bébé est un mammifère”, Michel Odent détaille le processus d’accouchement chez les mammifères, ainsi que le processus d’accouchement naturel et physiologique idéal pour le bébé. A travers de nombreux exemples sociologiques et scientifiques, il explique avec des mots simples comment l’accouchement peut se dérouler en douceur, de la façon la plus naturelle possible pour la maman et son bébé.
Le parallèle pour l’accouchement naturel entre femelle mammifère et femme humaine
Après des études sur le comportement des mammifères, il se trouve que la femelle s’éloigne du groupe au moment de l’accouchement. Des sociologues émettent l’hypothèse que cela permettrait tant de protéger le bébé des étrangers que des autres membres de la tribu. Le mâle n’assiste pas à cet événement et assure un rôle de protection.
Des études menées sur des femmes en train d’accoucher ou après avoir accouché ont montré que la durée de l’accouchement est diminué lorsque leurs cerveaux archaïques (primitifs ou instinctifs sont des synonymes) sont stimulés.
Le cerveau archaïque, que possèdent tous les mammifères, correspond principalement à l’aire réservée aux émotions et aux actions instinctives faites par l’homme.
Il s’oppose au néocortex, cette partie du cerveau propre à l’Homme et qui est responsable de sa capacité d’analyse et d’intellectualisation. D’après les dernières recherches, ce néocortex chez l’être humain n’est mature qu’à partir de l’âge de 7 ans environ.
O il s’avère que c’est le cerveau primitif qui secrète les hormones nécessaires aux contractions utérines efficaces lors d’un accouchement. De plus, à un certain stade de l’accouchement naturel et physiologique, il participe au fait que la femme se coupe du monde extérieur pour mettre son bébé au monde.
Une étude réalisée sur des souris (1), menée par Niles Newton a analysé les facteurs pouvant rendre les accouchements plus longs et plus difficiles. Cette étude a retenu que le fait de placer une femelle de cette espèce dans un environnement qui ne lui est pas familier, la faire accoucher dans une cage en verre transparent, ou encore la déplacer d’un endroit à un autre alors qu’elle est en train d’accoucher sont des facteurs qui rallongent la durée de l’événement.
Il en ressort, que les femelles, et donc, également les femmes ont besoin d’intimité pour un accouchement naturel.
Une revue de littérature scientifique (2) menée en 1987, publiée dans le journal The Lancet a retenu 8 études menées dans des pays anglo-saxons (Australie, Angleterre, Etats-Unis) à propos de 10 000 naissances. Séparées en deux groupes, ces naissances étaient soient surveillées à l’aide de monitoring, soient surveillées par une sage-femme, sans assistance médicale électronique.
La conclusion est surprenante. Le nombre de bébé né en bonne santé est identique. Toutefois, le taux de césarienne et de forceps utilisés pour l’accouchement étaient très nettement augmenté dans le groupe sous monitoring.
La conclusion est donc que plus le cortex primitif de la femme est stimulé, plus l’accouchement se déroulera rapidement. Les facteurs favorisants sont donc la pénombre, un endroit de petite taille, la sensation de familiarité du lieu, qui peut être renforcée par un peu de désordre.
A contrario, un accouchement médicalisé, avec beaucoup de lumière, parfois avec des ordres de la part du corps médical va accroître cette durée.
Vous l’avez compris, une salle d’hôpital, froide, d’autres femmes qui sont en train d’accoucher dans la pièce à côté, un personnel en sous-effectif sont autant de facteurs qui peuvent réactiver le néocortex et inhiber le cerveau primitif qui a besoin d’être sollicité pour un accouchement naturel et rapide.
L’idéal serait donc de privilégier des salles de naissance, des lieux familiers, avec des dimensions raisonnables. De plus, si celles-ci sont légèrement dans l’obscurité, alors l’environnement est propice.
Par ailleurs, il est également démontré que lorsque la femme peut-elle même choisir la ou les positions dans lesquelles elle se sent bien, alors l’accouchement est facilité.
Il est important de noter, qu’aujourd’hui, avec l’évolution de la société et l’apparition de la famille nucléaire, la plupart des futurs papas souhaitent participer à cet heureux événement.
Toutefois, cela n’est pas toujours la norme. En effet, une étude récente menée par Sam Janus aux États-Unis a montré que les hommes pouvaient, après avoir vu l’accouchement de leur femme, avoir un désintérêt sexuel pour leur propre femme, avec parfois des impuissances sexuelles.
De leur côté, certaines femmes préfèrent accoucher sans la présence de leur compagnon.
Tout est donc question de souhait et d’échange, et relève du cas particulier pour chaque couple.
Le réflexe d’éjection du bébé : ce phénomène clé pour un accouchement rapide
D’après Michel Odent, l’accouchement naturel physiologique s’achève avec le réflexe d’éjection du fœtus. A un certain moment, la mère, subissant un brusque changement hormonal éprouverait une « peur physiologique ».
Difficile à admettre dans notre monde moderne qui a tendance à classifier toutes les émotions, ce serait cette peur qui pousserait la femme à pousser deux ou trois contractions très efficaces suffisantes pour faire sortir le bébé.
Ce réflexe s’accompagnerait d’une décharge d’adrénaline créant une sensation de soif chez la mère, ainsi qu’un regain d’énergie, voire une euphorie.
Ce réflexe d’éjection ne peut survenir si le néocortex est très stimulé. En réalité, c’est le cerveau primitif de la mère qui l’aide à lâcher prise ; elle est comme « suspendue ». C’est cet état qui participe au relâchement des muscles internes des cuisses et des muscles du périnée.
Et après l’accouchement naturel ?
Une fois hors du ventre, le premier contact entre la mère et le bébé est primordial à plusieurs titres.
D’une part, les premiers échanges de regards et d’odeur permettent la sécrétion d’hormones aidant la mère à libérer naturellement le placenta.
Ensuite le bébé peut commencer à téter le colostrum. L’allaitement rapide est à la fois bon pour lui et son tube digestif, mais contribue également à terminer l’éjection du placenta.
En effet, les bienfaits du colostrum, ce premier lait, sont immenses.
Il s’agit d’un concentré d’anticorps, qui permet au bébé de se protéger contre les intrus étrangers, comme les virus ou les bactéries. Ce précieux liquide possède également des millions de cellules à action immunitaire, des protéines comme la lactoferrine, et bien d’autres molécules….
Le colostrum a aussi le mérite d’être composé de bonnes bactéries intestinales et contribue à ensemencer la flore intestinale du tout petit, et ce pour toute sa vie !
De tout temps, la majorité des civilisations de par le monde a trouvé des artifices pour éviter ou interdire sa prise, notamment au moment de la naissance ; il est la plupart du temps considéré comme poison ou mauvais. Le rôle de ces rites seraient liés à une sorte de sélection génétique des bébés, ou comme le pense l’auteur, affaiblir la relation entre la mère et le bébé.
Ce premier échange, si il est rapide et fort, liera de façon plus ancré et durable la mère à son enfant. Ce lien sera moins facilement rompu par le corps médical, car la mère sera à l’écoute de son bébé et elle écoutera davantage son ressenti avant de prendre toute décision sur le futur de son enfant.
Le lait maternel : cette substance miracle qui répond aux besoins du bébé
L’allaitement naturel correspond exactement aux besoins de l’enfant. L’organisme de la maman s’adapte parfaitement aux fluctuations des besoins du bébé, c’est en partie pourquoi il est si bon. Toutefois, il est primordial que la mère mange au mieux pendant cette période. En effet, le cerveau du petit est en pleine maturation.
Les acides gras TRANS, les mauvais acides gras, passent dans le lait maternel. Or d’après des études, il y en aurait cinq fois plus dans le lait d’une femme occidentale que dans le lait d’une africaine. Il est donc important de privilégier une alimentation riche en acides gras CIS qui sont les meilleurs pour la santé.
Aujourd’hui plus qu’avant, est démontré le caractère inimitable du lait maternel et du lien mère-enfant.
En France, un bébé sur cinq naît par césarienne. Ce chiffre, en augmentation, souligne la tendance actuelle où la société moderne tend à médicaliser et assister tous les épisodes de la vie.
Il ne va pas sans dire que ces situations arrivent et ont besoin d’être prise en charge par le corps médical, comme c’est le cas pour un accouchement difficile où le bébé se présente en siège.
Toutefois, il est intéressant de noter qu’un pays, proche du notre a des résultats en termes de naissances qui feront rêver plus d’une sage-femme.
En Hollande, le taux de mortalité de la mère est inférieur à un pour mille, le taux de césarienne est inférieur à 6% et le taux de mortalité de bébé est inférieur à un pour mille.
Dans ce pays, un accouchement sur trois a lieu à la maison, un sur trois naît dans une petite structure appelée polyclinique et un sur trois enfin naît dans un service d’obstétrique.
Cela semble être de bon augure pour une évolution des lieux de naissance en France.
- Newton N., Foshee D. et Newton M. « Parturient mice : effect of environment on labor », Science, 1966, 151, 1560-61.
- Prentice A. et Lind T., « Featal heart rate monitoring during labor – too frequent intervention, too little benefit », Lancet, 1987, ii. 1375-77.